LES PRINCIPES DU MARIAGE À BALI



Les principes du mariage à Bali.

A Bali, comme dans la plupart des sociétés traditionnelles de l’archipel indonésien, le mariage n’est pas seulement l’officialisation du sentiment d’amour entre un homme et une femme. Dans tous les cas, il implique une alliance entre deux familles ou deux clans, et a des implications sur la descendance et sur le patrimoine familial.

La société balinaise est patrilinéaire. L’héritage matériel et spirituel se transmet par les hommes (purusa). En se mariant, la femme devient membre à part entière de la famille de son mari et doit participer intégralement aux différentes obligations sociales que cela implique (cérémonies, entraide lors des fêtes), elle doit également habiter dans la famille de son époux : en général plusieurs générations vivent sous le même toit, même si de nos jours, la plupart ont une maison séparée ailleurs ou en ville.

Le problème se pose lorsqu’une famille n’a que des filles, car la lignée ne peut être interrompue. Il ne s’agit pas seulement de transmettre un héritage matériel, mais de perpétuer la lignée des ancêtres, qui veillent sur la famille depuis le sanctuaire de la maison, et se réincarnent dans un de leurs descendants ! Il est donc impensable de vendre ou abandonner une maison familiale ! En ce cas donc, on a recours à un stratagème appelé nyentana, ou le garçon viendra habiter exceptionnellement chez ses beaux-parents, pour «combler le vide » pendant une génération. Dans certaines régions, c’est une pratique généralisée, comme à l’ouest de Bali dans la région de Tabanan.

Avant l’introduction de la contraception, il y avait beaucoup de familles nombreuses à Bali : comme il fallait avoir au moins un fils, certaines familles avaient jusqu’à 9 ou 10 enfants au cas ou il ne leur naissait que des filles !

L’amour et le mariage
Les relations entre hommes et femmes ont toujours été assez libres à Bali, les relations physiques n’étant pas considérées comme péché mortel avant le mariage. La vie communautaire balinaise privilégie également l’égalité des sexes et la répartition des taches dans la vie de tous les jours (travaux des champs, taches domestiques, participation aux activités communautaires), les femmes balinaises, très travailleuses, ont toujours joui d’une certaine liberté de mouvement et n’ont jamais été confinées chez elles. Autrefois le costume balinais était réduit à un simple sarong autour de la taille, pour les hommes comme pour les femmes !

Dans ces conditions, sauf peut-être dans les palais balinais, les rencontres ont toujours été aisées. Mais une relation était souvent rapidement connue de tous, malgré la peine prise pour la dissimuler, et donc devait mener rapidement a officialiser une union. Souvent il y avait des liens familiaux entre les futurs époux, parfois cousins très proches. Mais ce genre d’union était au contraire approuvée par la famille, car paraissant plus fiable et risquant d’être plus solide. Les biens et ne sortaient pas non plus de la famille de cette manière.

Autrefois les mariages civils n’existaient pas, et la polygamie était monnaie courante. Depuis 1966, une loi a imposé la monogamie et permet de s’opposer à un mariage non approuve officiellement, dit « par enlèvement ». Enfin, les mariages inter-castes ne sont plus interdits. De nos jours les jeunes sont plus libres de se marier avec qui ils veulent. Il existe pourtant toujours deux principaux types de mariage : le mariage « par enlèvement » et le mariage traditionnel faisant l’objet d’une demande officielle.

Ngerorod ou Ngorod « le mariage par enlèvement »
Ce scénario qui nous semble très romantique sinon rocambolesque, était très fréquent autrefois : lorsque les parents de la fiancée désapprouvaient l’alliance avec la famille du prétendant. La raison invoquée, en général incontournable, était la différence de caste entre le garçon et la fille. Un homme de caste peut épouser une fille sans caste ; en ce cas celle-ci change de nom en entrant dans la famille de son mari, précédé du titre de jero (= nouvelle venue dans la caste) avec un nom de fleur. Cette jolie pratique indique qu’elle se trouve « embellie » par son ascension dans l’échelle des castes…

Mais une fille de caste, surtout brahmane, ne pouvait commettre de mésalliance, jusqu’à une époque récente, elle était la plupart du temps carrément rejetée par sa famille. La naissance d’un enfant par bonheur permettait souvent une réconciliation ultérieure…

Dans ces conditions, de nombreux jeunes gens et jeunes filles avaient recours à une solution désespérée : la jeune fille était «kidnappée » par son amoureux, souvent avec l’aide de ses cousins ou amis, et le couple se cachait dans un endroit secret jusqu’à ce qu’ils puissent envoyer un messager aux deux familles leur annonçant qu’ils étaient sains et saufs mais prêts à tout pour convoler en justes noces. Les familles acceptaient ou non, la famille du garçon étant en général plus facile à convaincre…

Il s’agit surtout de nos jours d’un simple stratagème, d’un kidnapping « autorisé », permettant…d’économiser les frais d’un couteux mariage ; en effet ce dernier doit être précédé d’une demande officielle et de nombreuses formalités coutumières. Désormais, tout le monde est au courant mais on fait comme si l’événement devait rester secret voire clandestin. Le garçon ramène sa fiancée chez ses parents, qui font savoir à la famille de celle-ci qu’elle est en sécurité chez eux. Pour éviter d’être «dans le péché », on procède a une simple cérémonie de purification appelée «mabiyakaon » qui suffit temporairement à légitimer le mariage au vu de la coutume. Ultérieurement, et selon les moyens disponibles, on procèdera a une cérémonie officielle suivie d’une réception.

Mepadik ou Ngidihan : le mariage officiel
Dans la mesure du possible, les familles balinaises préfèrent toutefois cette forme de mariage. Même si a proprement parler, le mariage n’est pas « arrangé » ni imposé aux futurs mariés.

On cherche d’abord un jour faste selon le calendrier rituel balinais, pour aller en délégation chez la famille de la fiancée, pour faire la demande en mariage officielle.

On discute alors d’une date propice et des modalités du mariage. C’est la famille du garçon qui finance et organise la totalité des festivités. Pour la famille de la fille, qui n’a pas réellement l’obligation d’y participer, ce jour est douloureux : elle « perd » un enfant