BLAHBATUH



Le village de BLAHBATUH est situé entre Ubud et la ville de Gianyar, chef-lieu du département, à un carrefour important. Il se trouve non loin des rives de la rivière Petanu, ou se jette une superbe cascade «Air Terjun Tegenungan », lieu réputé pour ses vertus curatives.
A un kilomètre à l’est de Blahbatuh, une petite route mène au village de Belaga, célèbre pour ses meubles en bambou.

Blahbatuh est également connu pour ses ateliers de fabrication de gamelans traditionnels. Il existe encore un fabricant de gamelans. Les forgerons et fabricants d’instruments de musiques jouissent d’une grande autorité chez les Balinais, en raison de leur maitrise du feu, qui leur confère des pouvoirs quasi-surnaturels. Le seul atelier encore en activité et ouvert à la visite est le Kerajinan Gong Sidha Karya de I Made Gabeleran à Babakan.
Blahbatuh est célèbre pour deux temples importants : le temple de Pura Gaduh, et le temple de Pura Penataran Topeng
Le temple de Pura Gaduh, perché sur une éminence accessible par un escalier assez raide, ombragé par de grands arbres fut partiellement détruit par un séisme en 1917. On peut y admirer une impressionnante sculpture de pierre, représentant la tête du géant mythique Kebo Iwa. Ce personnage légendaire vécut à l’époque du royaume ancien de Bedulu.

LE ROYAUME DE BLAHBATUH est issu du puissant royaume de Gelgel (alors royaume le plus puissant de Bali), fondé par le prince Gusti Ngurah Jelantik, qui fut commandant d’une illustre expédition militaire menée contre le royaume de Blambangan à l’est de Java au début du XVIe siècle (époque du règne de l’illustre roi Dalem Waturenggong à Gelgel)
Au cours de cette campagne, l’armée balinaise décapita le roi de Blambangan et s’empara d’un butin important. En particulier, deux gongs, un coffre rempli de marionnettes et un autre contenant 21 masques dont six très anciens représentant le grand ministre Gajah Mada lui-même. Ces masques très rares sont considérés comme les prototypes des masques balinais utilisés pour les danses et le théâtre traditionnel ; ils ont près de 600 ans : à cette époque, les danseurs devaient faire tenir les masques sur leur visage en mordant une saillie de bois située à l’intérieur du masque au niveau de la bouche – appelée canggem, et étaient donc muets…
Sous le règne du prince Wirya Sirikan, vers 1879, ces masques furent remis au royaume de Blahbatuh, qui connut un essor notoire au cours du XIXe siècle. Pendant longtemps, les masques furent précieusement conservés dans l’un des temples de Blahbatuh, le Pura Penataran Topeng (Topeng veut dire masque), non loin du palais.Ils ont été transférés dans l’enceinte du palais et se trouvent maintenant dans un pavillon situé dans la cour intérieure du palais, ou se trouvent également les quartiers d’habitation du roi et de sa famille. Ces reliques sont réputées chargées d’énergie magique, et ne sont visibles que lors des fêtes du temple Bukit Dharma au village de Kutri tout proche ; à cette occasion, on sort les masques pour exécuter des danses rituelles donnant lieu à des transes.
Ces masques d’origine royale javanaise sont réputés conférer une force supérieure à ceux qui peuvent les contempler, méditer ou prier devant les masques, voir les porter sur leur visage. De nombreux personnages importants sont ainsi venus au palais de Blahbatuh dans ce but.
A Blahbatuh, se trouve aussi l’un des principaux temples chinois de Bali, le Vihara Amurva Bhumi, étonnamment situé au bord de la rivière Petanu, sous un pont à l’entrée du village. On y trouve un sanctuaire dédié au dieu de la Terre (Tua Pe Kong) ainsi qu’à la déesse Guan Yin. Ce temple récent date de 1988. Tant les membres de la communauté chinoise bouddhiste que les Balinais hindouistes eux-mêmes viennent prier dans ce temple.