LE PAYS MINANGKABAU



Le Pays Minangkabau, vert Eden situe dans un écrin de montagnes à l’ouest de Sumatra, se mérite. L’accès a cette région ou s’est maintenue une culture matriarcale unique, n’est guère aise : par la route, il faut environ trois longs jours de trajet depuis le sud, le long d’une Transsumatra interminable, dont certains tronçons sont difficilement carrossables, et autant depuis Medan, capitale de Sumatra-nord. Les vols intérieurs sont peu nombreux et l’accès par bateau également inexistant. Cet isolement relatif a permis au peuple minang de rester relativement homogène et de préserver ses traditions, meme dans les villes de la region : Padang, Bukittinggi, Solok, Padang Panjang, Payakumbuh…

Le nom “Minangkabau” lui-même provient d’une légende locale ; “minang” signifie “victorieux” et “kabau” veut dire”buffle”. Selon la légende, ce nom proviendrait d’une dispute entre les Minangkabau et un prince javanais. Pour éviter la guerre, on proposa d’organiser un combat entre deux buffles, chacun représentant une des parties. Le prince amena un gros buffle très agressif, mais les Minangkabau rusèrent en amenant un bébé buffle affamé, dont les cornes avaient été taillées de manière à être aussi aiguisées que des lames de couteau. Voyant le buffle adulte au milieu du champ, le bébé courut vers lui espérant du lait. Le grand buffle ne lui prêta pas attention, cherchant un adversaire à sa mesure. Quand le bébé tenta de téter le gros buffle, il le blessa mortellement : le peuple Minangkabau fut vainqueur.

Cette légende illustre également le caractère de ce fier peuple qui, a la violence, a toujours préféré la négociation et la persuasion.

Le symbole du buffle mythique se retrouve dans l’architecture : les toits des grandes maisons traditionnelles Rumah Gadang (« grande maison » en minangkabau) sont en forme de cornes de buffles. On le retrouve aussi dans le costume : les coiffes traditionnelles des femmes minang (tengkuluak), sorte de turban triangulaire drape sur la tête qui rappelle les cornes du buffle.

La Societe Minangkabau

Les Minangkabau (souvent appelés à tort orang Padang, du nom de la capitale de la région), constituent la plus grande société matriarcale du monde : l’héritage se transmet de mère en fille. La société Minangkabau est divisée en clans (suku) comprenant un très grand nombre de membres ; les enfants portent donc le nom du clan de leur mère et non de leur père. Les familles habitent traditionnellement sous le même toit dans une «grande maison » (rumah gadang), divisée en de nombreuses chambres, une pour chaque fille de la famille, descendant d’une même aïeule. Ce sont les hommes qui font l’objet de demandes en mariage, assorties d’une importante dot. Ils viennent alors vivre dans la «grande maison » avec leur épouse.

Ceci ne veut pas dire que les hommes n’ont aucun pouvoir. Au sein de la famille, ils ont un rôle important en tant qu’oncles maternels (mamak) s’ils ont des neveux par leur sœur, et les enfants sont sous leur responsabilité. Toutes les décisions importantes concernant les biens ou la famille sont prises par le conseil des anciens (niniek mamak) ; en cas de divorce, la femme garde les enfants.

Les hommes minangkabau sont donc contraints d’émigrer puisqu’ils n’ont aucun vrai rôle (merantau). A l’âge de 7 ans, les jeunes garçons quittent donc déjà la maison pour aller vivre dans une maison communautaire (surau), ou ils reçoivent également un enseignement religieux et culturel. Adultes, la plupart quittent la région pour faire des études ou aller faire du commerce hors du pays. Les Minang ont ainsi essaime dans tout l’archipel indonésien. Ils sont connus pour être d’habiles commerçants, et les «rumah makan Padang » ou l’on sert des plats de leur région d’origine, existent dans toutes les régions les plus reculées. On y sert une cuisine savoureuse mais très épicée 24h sur 24 (les différents plats sont servis en petites portions sur la table dans de petites soucoupes, et on ne paie que ce que l’on mange…). Ils ne reviennent que rarement au pays, parfois jamais, non sans exprimer le mal du pays (rindu kampuang) et la fierté de leurs origines dans leurs chansons.

La Culture Minangkabau
Les Minangkabau ont été convertis a l’islam des le XVIe siècle et sont de fervents musulmans. Le caractère unique de leur culture est cette symbiose avec la coutume ancestral e «adat » qui reste essentielle. Ceci se reflète dans l’art par exemple

Il existe de nombreuses danses et formes théâtrales basées sur l’art du pantoun, comme le Randai, théâtre traditionnel incluant musique, danse et drame.

La musique traditionnelle, basée sur les métallophones (talempong), la flute (saluang) au son mélancolique et le chant (dendang) reflète bien la beauté des paysages du pays MInang et la nostalgie qu’éprouvent ceux qui sont loin du pays au souvenir de ces vertes contrées, et surtout de leur mère (bundo kanduang), qui fait l’objet de la plus grande vénération dans cette société matriarcale.