LE VILLAGE DE TENGANAN (EST DE BALI)



Les Bali Aga, descendants des habitants originels de Bali sont toujours présents dans quelques villages de Bali. Ils conservent des rites et coutumes datant de l’époque pré-hindouiste.
Celui de Tenganan, dans le sud est, est considéré comme le plus ancien.

Il possède une large surface de terres particulièrement fertiles, qui lui ont permis de vivre dans une quasi autarcie respectée par les royaumes traditionnels pendant des siècles.
Avant les années 70, Tenganan était l’un des villages les plus isoles de Bali, avec des traditions et une structure sociale uniques. Suite au développement du tourisme et des communications, le village s’est ouvert à l’extérieur, tout en conservant ses coutumes séculaires.

La légende de Tenganan

Une légende illustre la ruse grâce à laquelle les habitants de Tenganan ont obtenu ces riches terres : bien avant l’ hindouisation de Bali par Java, régnait à Bedulu, dans le centre de Bali, un puissant roi. Un jour, son cheval préféré s’échappa. Durement marqué par la perte de l’animal, le roi envoya des hommes de chaque village sous sa dépendance dans toutes les directions, avec pour mission de le retrouver. Les hommes de Tenganan partirent vers l’est et, après des jours de recherche, trouvèrent l’étalon mort. En gage de reconnaissance, le roi leur offrit de choisir leur récompense. Le chef du village demanda simplement d’obtenir la surface de terrain imprégnée de l’odeur du cheval mort. Appréciant la modestie de cette requête, le roi ordonna à son officier doté de l’odorat le plus délicat de suivre le chef du village, afin de limiter les nouvelles terres de Tenganan. Ils marchèrent des jours entiers, mais où qu’ils aillent, l’odeur semblait les poursuivre. Finalement, l’officier exténué ne pu aller plus loin. Il déclara que la terre parcourue était suffisamment vaste, et que les habitants de Tenganan pouvaient s’en satisfaire amplement. Quand l’officier fut parti, le chef du village sortit de dessous ses vêtements une pièce de viande faisandée coupée de la carcasse !

La structure du village

Le village est entouré d’un muret, d’ou sa réputation de village “fortifié”. L’entrée du village est au sud. Les maisons du village de Tenganan Pegrinsingan, toutes pratiquement semblables, se font face le long de trois rues en pente douce, orientées du nord au sud. L’entrée des maisons est très étroite, et ne permet le passage que d’une personne à la fois. Au centre de la rue principale, s’alignent le pavillon communautaires (bale agung), ou se tiennent les conseils du village et les activités communautaires, lors des cérémonies, ainsi que d’autres pavillons communaux (bale). C’est aussi la que sont gardés les anciens gamelans de fer selonding que l’on ne trouve qu’à Tenganan, et que sont entreposées les provisions de bois pour le village. Au centre du village se trouvent aussi les greniers à riz communautaires. Les troupeaux de buffles appartenant à la communauté, errent en liberté dans le village…
Par tradition, les habitants originaires du village ne travaillent pas et vivent du produit de leurs récoltes. Ce sont des gens extérieurs au village qui cultivent leurs champs.

La vie communautaire du village obéit en effet à des règles très strictes, que ce soit pour l’attribution des maisons, les cérémonies du cycle de vie, la répartition des denrées (bois, eau, récoltes), la participation aux activités du village etc… Ainsi le tambour de bois (kulkul) est frappé chaque matin 21 fois pour réveiller la communauté.
Les règles de vie au sein du village sont très strictes : seules les personnes nées dans le village peuvent y habiter et devenir membres à part entière de la communauté une fois adultes. A l’origine seuls les mariages endogames (à l’intérieur du village), sont autorisés. Les jeunes maries doivent déménager dans une des maisons vides du village, celle que leur attribuera le conseil communautaire. Ceux qui se marient avec une personne extérieure au village, perdent leurs droits et doivent habiter dans la rue la plus à l’est du village, qui leur est réservée.

De fait le plan et la structure du village rappellent étrangement celui de nombreux anciens villages de l’archipel indonésien, ils remonteraient en effet à l’époque mégalithique. On trouve des villages semblables à Nias, Flores, Sumba…., ou les bâtiments communautaires ou les tables funéraires se trouvent au centre du village, et ou les endroits les plus sacrés se trouvent tout au bout du village, au sommet de la colline….