LES BAJAU, NOMADES DE LA MER
Le peuple Bajo (ou : Bajau) est disséminé dans tous les coins de l’immense archipel indonésien, principalement sur les iles et les cotes de Sulawesi (on les trouve également dans la partie malaysienne de Bornéo, et aux Philippines). A l’origine ils n’étaient pas sédentarisés et vivaient sur leurs bateaux-pirogues appelés leppa, d’où leur surnom de « gitans de la mer », Actuellement ils habitent pour la plupart dans des villages de maisons flottantes sur le littoral.
Les Bajau ont toujours été de hardis navigateurs et constructeurs de bateaux, en général magnifiquement décorés, et ils ne mettaient pied à terre que pour chercher du bois et de l’eau, et pour enterrer leurs morts…
Leur activité principale reste la pêche, en particulier celle des holothuries ou «concombres de mer » (teripang) dont les locaux sont friands. Ils sèchent le poisson pour le vendre en particulier à la communauté chinoise, avec qui ils ont des rapports depuis des siècles.
Au Sud de Sulawesi, à environ cinq kilomètres de la ville de Watampone, anciennement Bone, capitale du sultanat du même nom, existe une petite communauté de Bajau semi-sédentarisée.
Selon la légende locale, l’origine de cette communauté bajau remonte à l’ancien royaume de Luwu. Elle se réfère à la célèbre épopée bugis La Galigo. Le principal héros de cette saga, le prince Sawerigading, coupa un énorme tronc d’arbre en plusieurs morceaux, formant une ile et causant un raz-de-marée. C’est ainsi que les Bajau furent rejetés à la mer.
En fait, il semble que les Bajau seraient originaires de l’’Océan Indien, mais qu’un tsunami cataclysmique les ait décimés et ballottés sur l’océan pendant sept jours, il y a 500 ans au moins et disséminés dans toute la zone alentour. D’où les nombreuses offrandes faites à la mer et à ses dieux.
Toujours selon la légende, une pluie d’œufs tomba alors sur les Bajau, d’où leur chevelure souvent jaunie (en réalité par manque de vitamines ?). C’est pourquoi les œufs sont tabous chez les Bajau…
Il semble donc que les Bajau aient sillonné les mers depuis des siecles. Magellan les rencontra déjà lors de ses expéditions dans la région en 1521. Leur sédentarisation croissante parait inéluctable s’ils veulent survivre, même s’ils persistent encore à suivre les bancs de poissons avec leurs bateaux. En Indonésie même ils ne sont plus que plusieurs milliers.