LES MADURAIS DE JAVA-EST



Tous les habitants de l’est de Java ne sont pas javanais….

Une grande partie de la population est en effet d’originemaduraise. Madura est une grande ile qui s’étire à l’est de la capitale de la province de Java-est, Surabaya. Sa superficie est de 5 250 km² et sa population d’environ 4 millions d’habitants. Cette ile aride a été l’objet de nombreux clichés qui en font sa réputation : sa gastronomie tout d’abord, avec les fameuses brochettes de chèvre (sate kambing) toujours accompagnées d’un ragout de viande (gulai) et que l’on peut déguster dans toute l’Indonésie au hasard des petites échoppes ou carrioles qui arpentent les rues des villes de l’archipel. Ensuite la physionomie de cette ile âpre et rude, ou la population doit se limiter à la récolte du sel et à l’élevage de bestiaux. Les courses de taureaux de Madura sont très célèbres localement !

Ensuite les Madurais eux-mêmes, fervents musulmans, avec une grande fierte et un sens aigu de l’honneur, qu’ils sont prêts à défendre par tous les moyens. Ce sont de hardis navigateurs, et leurs bateaux de pêche multicolores sont splendides.

Les Madurais ont essaimé en grand nombre vers l’ile de Java soit pour chercher de quoi vivre, soit à la suite de problèmes d’honneur. La plupart des dockers, chiffonniers, ferrailleurs, et marchands de soupe que l’on rencontre à Surabaya et dans tout Java sont des Madurais. Ils ont également été recrutés en masse par les colons hollandais à la fin du XIXe siècle pour travailler dans les plantations de Java-est entre Jember, Kalibaru et Banyuwangi. Enfin la plupart des communautés vivant le long de la cote nord de Java-est, de Surabaya a Ketapang, sont d’origine maduraise. On les reconnait avec leur accent rocailleux qui contraste avec les sonorités de la langue javanaise.

Les Madurais ont également suivi en masse les programmes de «transmigration », institués par le gouvernement indonésien après l’indépendance. Ces programmes étaient destinés à transplanter des gens des régions surpeuplées d’Indonésie : Java, Madura et Bali vers des îles moins peuplées : Sumatra, Kalimantan et Sulawesi. On y a créé des sortes de villages de pionniers dans des zones peu urbanisées et peu peuplées, avec pour commencer une nouvelle vie : une maison, une charrue et sa vache, des semences et du riz pour l’année. Ces initiatives ont plus ou moins été couronnées de succès selon les régions. Souvent le contact et la coexistence avec les populations autochtones n’a pas été évident, et les possibilités de tirer parti des terres allouées aux transmigrants n’ont pas toujours été faciles…