LES RITUELS BALI AGA (TENGANAN)
Tenganan possède ses rites propres, bases sur un calendrier particulier au village. A l’occasion des cérémonies, les habitants doivent utiliser des tissages particuliers, à caractère sacré, appelés gringsing. Ils sont fabriques selon la technique de double ikat, selon laquelle, les fils de chaine et de trame sont liés et teints avant d’être tissés, selon le motif que l’on veut obtenir. Les couleurs utilisées pour la teinture sont également d’origine végétale.
La fabrication d’un tel tissu prend des mois. Il est à noter que cette technique de tissage, très répandue dans toutes les petites iles de la Sonde à l’est de Bali, n’existe plus ici que dans ce village…Les gringsing sont réputés dotés de pouvoir magique et servent de talismans lors des différents rites de passage On reçoit son premier gringsing lors de sa première coupe des cheveux, une mèche étant placée sur un tissue plié sur le pavillon central (bale tengah) ; de même à l’adolescence, lors de l’initiation des jeunes garçons (teruna nyoman) ou ils doivent revêtir un gringsing et porter un kris.
Le rituel de Mekare kare
Il s’agit d’un combat rituel organisé chaque année dans le cadre de la cérémonie de Ngusaba, qui a lieu à Tenganan à la fin du mois de juin. Cette periode correspond au cinquième mois (sasih sambah) du calendrier local, et est considérée comme sacrée. A cette occasion, la communauté entière se purifie pour retrouver une nouvelle énergie.
La cérémonie, dont l’origine semble remonter à l’époque mégalithique, est dédiée à Indra, dieu de la guerre. Pour cette raison, se déroule un combat rituel appelé mekare-kare, ou les adversaires s’affrontent en combat singulier, armés de feuilles de pandanus épineux liées ensemble et de boucliers en rotin. Il s’agit d’un rite de mutilation, d’un sacrifice de sang symbolique. La cérémonie se déroule en face du pavillon communautaire, pendant deux jours, en début d’après-midi. A cette occasion, toute la population du village assiste aux combats, vêtus des traditionnels tissus gringsing.
Avant le combat, les hommes boivent du vin de palme, verse dans une coupelle confectionnée avec une feuille de bananier, chacun a la sienne et verse le vin dans celle de son voisin, puis on les places sur le sol. Les anciens du village annoncent le début de la cérémonie, puis les habitants s’affrontent deux par deux. Le combat est bref (environ une minute) et même les enfants y participent. Il s’agit d’écorcher l’adversaire sur le dos ou la poitrine. Etrangement, les combattants ne souffrent pas. Les blessures sont soignées ensuite avec des onguents traditionnels à base de safran.
A cette occasion, on installe également d’immenses balançoires en forme de roue (jantra). Celles-ci sont en fait une réminiscence de rites très anciens, qui semblent dater de l’époque védique en Inde. Il s’agissait alors de rites célébrés pendant le solstice d’hiver et dédiés au dieu Indra. On en retrouve mention dans l’épopée du Mahabharata