PAPOUASIE – LES KOROWAI



Les Korowai et les Kombai sont des chasseurs-cueilleurs nomades habitant la foret tropicale et les marécages du sud de la Papouasie, dans une région qui s’étend entre deux rivières entre la grande chaîne montagneuse de l’île et la mangrove qui borde la mer d’Arafura. On la désigne comme le pays de Kouh, sis en amont de la rivière Becking. De nombreux ruisseaux, étangs et rivières parsèment la zone. Administrativement on se trouve au nord de Boma et à l’est de Senggo, dans le département de Merauke, le plus oriental de l’Indonésie, près de la frontière avec la Papouasie Nouvelle-Guinée occidentale. Ils n’ont été découvert que récemment en 1970 !!!! L’accès au territoire Korowai peut se faire soit en bateau et pirogue, en remontant les fleuves côtiers au-delà de la dernière petite ville de Senggo, soit en petit avion par quelques pistes dont les premières ont été réalisées sous le contrôle des pasteurs Hollandais comme à Yaniroma. Les Korowai étaient entièrement isolés du reste du monde jusque dans les années 70. Seuls quelques-uns d’entre eux sont alphabétisés. L’accès est rendu difficile a cause des précipitions très fortes dans cette région de jungle : la pluie qui tombent en abondance (plus de 5m par an), et les rivières peuvent déborder largement lorsque la saison plus humide arrose la montagne proche.
Le terme Korowai se réfère plus à une communauté de langue qu’a une ethnie. Selon des enquêtes menées par hélicoptère entre 1986 et 1990, les Korowai, aussi appelés Kolufaup seraient au nombre de 2 a 4000 éparpillés en clans de 10 à 20 individus la population de langue Korowai serait estimée à quatre mille personnes. En l’absence d’état civil ou d’enregistrement administratif, l’évaluation se base par recoupement du nombre de clans (familles) connues des uns ou des autres. Elle est donc très imprécise. Certains clans habitant vers le nord-est, n’ayant pas encore été réellement identifiés. Le nombre de clans connus s’élèverait a une trentaine Compte tenu de l’immensité de la zone habitée par les Korowai, on peut penser qu’une soixantaine d’autre clans habitent la foret plus au nord est. La majorité de la population vit en effet encore dans la foret. Un tiers a rejoint les villages bâtis par les missionnaires puis par le gouvernement indonésien pour les sédentariser.

Habitat
La majorité des clans Korowai vit dans des maisons de bois, bambou et feuilles, construites à la cime des arbres, loin des moustiques et parasites pullulant près du sol, pour se défendre des agressions et se protéger des dangers de la foret. Un clan, établi dans une clairière, peut construire d’1 à 5 maisons à une hauteur moyenne de 8 à 12m. Certaines maisons peuvent se nicher jusqu’à 40 m de haut.
La construction d’une maison dans les arbres s’effectue en choisissant un arbre vigoureux (Banyan ou Wanbom) pour constituer le pilier central. À partir d’échafaudages temporaires autour de l’arbre, le plancher est assemblé en s’appuyant sur plusieurs arbres secondaires ou des branches maîtresses. La structure du plancher est composée de petits rondins assemblés avec des lianes de rotin puis recouvert d’écorce de sagoutier. Les murs sont constitués d’écorce ou de feuillages tressés. Le toit est recouvert de palme. Les maisons perchées ont un plan rectangulaire, compartimenté sommairement en deux ou trois pièces, dont au moins une est réservée aux femmes. Chaque espace dispose de son propre foyer. Afin de ne pas risquer de voir le feu se propager à la maison, les foyers sont déposés sur une structure en branches recouverte d’argile et suspendue au-dessus du vide avec des liens en osier.
Les matériaux nécessaires à la construction sont prélevés dans l’environnement immédiat, la zone est défrichée et élargie sur un cercle de quelques dizaines à une centaine de mètres, afin de rendre visible toute arrivée d’intrus – ennemis ou betes sauvages (serpents, sangliers). Cet espace est sommairement utilisé pour faire pousser quelques fruits ou légumes, mais sans culture organisée. On accède aux maisons par un petit tronc, aisément rétractable, entaillé d’encoches qui sert d’échelle.
Les maisons sont construites en 1 ou 2 jours et durent 3 à 5 ans. Une nouvelle maison est construite dans la même clairière lorsque le clan s’agrandit et tant que la forêt environnante subvient aux besoins alimentaires des familles présentes. Quand le nombre de sagoutiers diminue, le clan recherche un emplacement plus profitable dans son territoire de chasse et reconstruit des huttes perchées. La durée de vie des maisons constitue la référence calendaire essentielle des Korowai. La vie s’écoule en comptant le nombre de maisons habitées !!!
En langue Korowai ces maisons se nomment “chem” (ou kchaim). Les maisons longues cérémonielles (cha-le ou khaü) sont construites au niveau du sol, à l’occasion des fêtes. Depuis 1980, certains Korowaï christianisés se sont établis dans des villages nouvellement construits par le gouvernement indonésien, ce qui les éloigne de leurs traditions et les rapproche de la civilisation moderne.

Structure sociale
La patrilinéarité est la structure de base de l’organisation sociale, économique et politique. Dans la société Korowai, des liens du type lévirat existent. Le modèle du mariage est celui de l’exogamie et la polygynie est pratiquée. Bien qu’égalitaire à la base, l’organisation sociale au sein des clans est en fait dominée par l’homme le plus charismatique et physiquement le plus fort. Il n’existe pas d’organisation au-dessus du clan, composé de quelques familles vivant sur le même lieu.
Des rixes entre clans apparaissent principalement en raison de mauvais sorts jetés sur un individu ou une communauté par des actes de sorcellerie. La conjuration des maléfices pouvait jadis conduire à des pratiques d’anthropophagie.

Vie religieuse
Malgré la politique du gouvernement indonésien qui cherche à l’éradiquer au profit d’un monothéisme au choix, les Korowai sont encore majoritairement animistes et vénèrent particulièrement l’esprit des ancêtres. L’esprit créateur, Ginol Silamtena, n’a cependant pas un rôle dominant dans leur vie quotidienne.
Un clan Korowai doit organiser de temps en temps une fête rituelle autour d’un banquet à base de larves de « capricornes » qui se développent dans les troncs de palmiers sagoutier abattus. L’origine de ces pratiques était de stimuler la prospérité et la fertilité. En période de trouble, ils sacrifient aux esprits des ancêtres des cochons domestiqués.
Les Korowai sont dotés d’une riche tradition orale. Avec respect pour la mort et l’au-delà, ils croient en l’existence d’un type réciproque de réincarnation : ceux qui meurent peuvent être renvoyés n’importe quand dans le monde des vivants, par leurs parents dans le monde de la mort, dans le but d’être réincarné dans un nouveau-né de leur propre clan.
À la fin des années 1970, des missionnaires néerlandais sont passés parmi les Korowai, qui ont toutefois longtemps résisté à la conversion religieuse, les premiers convertis au christianisme ayant été baptisés seulement à la fin des années 1990. En 2003, une petite équipe de traducteurs de la Bible, membres de SIL International, s’établit à Yaniruma.
Les Korowai ont pratiqué le cannibalisme jusqu’à la moitié du XXe siècle. Ces pratiques semblent avoir disparu suite aux contacts fréquents avec les étrangers. Ceux qui étaient considérés comme « possédés » par un khakhua (esprit d’un docteur sorcier secret) soient torturés, tués puis mangés. Ce rituel aurait été pratiqué uniquement par les hommes. Ces pratiques vis-à-vis de leurs ennemis visaient, non pas à leur donner « la force de l’ennemi » mais simplement par goût » pour la chair humaine….

Économie
Les Korowai qui étaient encore chasseurs-cueilleurs au XXe siècle, pratiquant un peu d’horticulture en agriculture itinérante, restent d’excellents chasseurs et pêcheurs. Leur alimentation de base en féculents provient du sagoutier, ainsi que du gibier, essentiellement des sangliers. L’agriculture extensive remplace de plus en plus ces anciennes pratiques et depuis le début des années 1990, la région s’est timidement ouverte au tourisme.
Comme les Asmat des régions marécageuses, les Korowai et Kombai consomment une nourriture rituelle particulière lors de cérémonies impliquant la dégustation de larves de capricornes (cerambyx), considérées comme un mets de premier choix… : 60 jours avant les cérémonies, les hommes abattent des centaines de sagoutiers dans le tronc desquels ils percent des trous pour que ces coléoptères y pondent leurs œufs. Juste avant la célébration, les larves adultes sont récoltées et mangées en grandes quantité dans des bols en bois gravés tout spécialement. Ces festivités donnent donc lieu a un grand banquet destine a resserrer les liens de la communauté et comprennent des danses rituelles
Les vêtements traditionnels Korowai sont très simples, les hommes portent un morceau de feuille en guise de cache-sexe, ou une petite gourde servant d’étui pénien (koteka) et les femmes une jupe en feuilles de sagou tissées. Les Kombai sont pares de la même manière que les Korowai mais, certains hommes Kombai portent une tête de calao à la place de la gourde pendant la durée de la cérémonie.